mardi 22 juillet 2014

Mes armes, à moi, ce sont mes mots

Ces derniers jours, les combats se multiplient partout dans le monde, les sujets de débat aussi. Je m'informe, beaucoup. Je voudrais faire quelque chose, arrêter ces massacres. Et pourtant, je ne fais rien. Je suis tour à tour blasée, révoltée, déprimée, scandalisée... mais je me sens surtout terriblement impuissante. Alors forcément, je me pose des questions. Qu'est-ce que je peux faire ? Ou plutôt : Est-ce que je suis capable de faire quelque chose ?
Je ne suis pas particulièrement forte, ni habile, ni particulièrement intelligente. Je suis incapable de me battre, l'idée de me retrouver dans une émeute me terrifie, et la plupart des conflits politiques, religieux ou sociaux me dépassent trop pour que je puisse écrire quelque chose d'intelligent à leur sujet, quelque chose qui pourrait faire bouger le monde, à ma toute petite échelle. Je me sens toute petite, démunie.
Mais ça ne m'empêche pas de m'interroger. Ca ne m'empêche pas d'avoir des idées, des opinions ; ça ne m'empêche pas de m'informer et d'essayer vainement de comprendre pourquoi tout part en vrille. J'ai bien conscience que ça fait une belle jambe à tout le monde, pourtant. On en revient toujours là : je ne me sens pas capable de soulever des montagnes ou d'initier un combat, pas alors que je ne suis même pas sûre de savoir ce qui se passe vraiment - et que je n'ai pas le courage de me rendre sur les lieux des drames pour le constater de mes propres yeux.



Et puis j'ai réalisé quelque chose. J'ai réalisé que je me battais déjà, à ma façon, avec mes propres armes. Un combat sur le long terme, qui ne résoudra pas les conflits majeurs en cours mais qui, peut-être, à sa toute petite échelle, permettra aux prochaines générations de grandir dans un monde meilleur. Au moins un tout, tout, tout petit peu. Mes armes, à moi, ce sont mes mots. Mes récits, mes héroïnes et mes héros ; leurs univers, leurs réflexions. L'espoir qu'ils portent en eux. Ce sont eux qui portent mon combat aux yeux de tous, eux qui crient ma révolte, eux qui, peut-être, ouvriront les yeux d'un lecteur ou d'une lectrice, ne serait-ce qu'un seul, sur le monde qui nous entoure, et lui donneront l'envie et la force de se battre avec ses armes à lui.





De l'autre côté du mur, Play Your Life, Notes pour un monde meilleur : voilà les combats que j'ai choisis. Aslan et Sibel, Chloé, Isaac et Azra : voilà quelles sont mes armes. Leur soif de liberté, leur incessante quête de l'espoir et du bonheur, leur révolte face au monde qui les entoure et leur besoin de changer les choses : voilà ma réponse à ce que je vois autour de moi, voilà ce que j'ai envie de communiquer et qui, peut-être, permettra à d'autres personnes, avec d'autres armes, de changer les choses pour de bon, à leur échelle.
Aslan, Sibel et Chloé, chacun à leur façon, luttent pour le libre-arbitre, ils cherchent à comprendre le monde qui les entoure et qui les manipule. Ils risquent leur vie pour sortir de cette influence, pour gagner le droit de penser par eux-même. Ils ne changent pas la face du monde, non, mais ils offrent la liberté de penser et d'agir comme bon leur semble à leurs proches.
Isaac et Azra veulent construire un monde meilleur en constatant que le leur - le nôtre - se désagrège, ils utilisent chacun leurs armes et leurs idées pour changer les choses. Ils ne sont pas parfaits, ce qu'ils font est loin d'être parfait. Mais ils font quelque chose. Ils regardent, ils essaient.




La fiction, pour moi, c'est avant tout un divertissement : je veux que mes lecteurs prennent plaisir à lire mes romans, qu'ils s'évadent et rêvent eux aussi d'un monde meilleur. Mais j'y transmets aussi des valeurs, des idées ; ce n'est pas parce que je n'écris pas des romans de société que je ne fais rien pour la société. J'ai simplement choisi une autre voie, une voie qui me parle plus, à moi, et qui parlera plus à ceux qui me ressemblent. 
Voilà mon arme, mon cri du coeur aujourd'hui : on n'est pas tous des guerriers, mais on peut tous faire quelque chose à notre échelle, avec nos propres armes. Il suffit de les trouver. Peut-être que ça ne suffit pas. Peut-être que ça ne résoudra rien. Mais je pense que ça vaut le coup d'essayer.





Ces romans qui me donnent, eux aussi, envie de me battre
Hunger Games, de Suzanne Collins.
Fortune Cookies, de Silène Edgar.
Coda, d'Emma Trevayne.





12 commentaires:

  1. Moi aussi je pense que ça vaut le coup d'essayer ! Merci pour cet article.

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  2. C'est aussi ce qu'on retrouve comme idée dans la fable du Colibri, que j'ai toujours beaucoup aimée...

    Nyaoh

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    1. Je ne connais pas, je vais lire ça ! Merci pour la référence :)

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  3. Chacun se bat à son niveau et avec ses propres armes. Les tiennes sont belles et divertissantes en plus ! Continue sur cette voie et ne perd pas ce regard que tu as sur le monde !

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    1. Merci Mélenn <3 Je vais essayer mais vous m'y aidez bien :)

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  4. Merci pour cet article Aelys :) Chaque geste compte en effet !

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  5. Un bel article, dans lequel je me suis beaucoup retrouvée, car face au chaos ambiant, je me sens aussi totalement désarmée, petite, faible, lâche... et en plus, je n'écris même pas de roman ! :D
    Mais tu as bien raison, chacun à son échelle peut propager un message et peut-être faire bouger rien qu'un tout petit peu les choses. La littérature le fait merveilleusement bien, car elle force le lecteur à s'interroger, elle le provoque. C'est ce que j'ai sincèrement ressenti dans La Couleur de l'aube et De l'autre côté du mur, dans lesquels les deux couples de personnages se rebellent contre leur monde et ses contraintes, bravent l'autorité, deviennent des marginaux, mais brisent leurs chaînes et oeuvrent pour un monde meilleur... Alors, n'aie pas d'inquiétude, les mots sont tes armes et tu t'en sers très bien. :)

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    1. Je viens seulement de découvrir ce commentaire. Merci, Flora, pour ce mot qui me touche beaucoup. Je me sens un peu moins démunie maintenant :)
      Quant à toi, via ton blog, tu permets à ceux qui écrivent d'avoir une visibilité plus grande ; et tu mets beaucoup de toi dans tes chroniques, de tes combats. Pour moi, tu as là une superbe arme...
      Merci encore, et désolée de n'avoir vu ce commentaire que trois plombes après ^^

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  6. Bats-toi, continue, c'est efficace et sensé, et ça marche.
    "J'écrirai ces vers à bras grands ouverts qu'on sente mon coeur quatre fois y battre
    Quitte à en mourir je dépasserai ma gorge et ma voix mon souffle et mon chant
    Je suis le faucheur ivre de faucher qu'on voit dévaster sa vie et son champ
    Et tout haletant du temps qu'il y perd qui bat et rebat sa faux comme plâtre"
    Aragon, Epilogue

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    1. Merci, ma Silène. Tu sais combien ça me touche venant de toi. <3

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